Partir de l'académie de Paris pour arriver à Grenoble n'a pas été un gros bouleversement en soi mais a été difficile
sur un point. J'étais impliqué dans plusieurs "projets" : options musique au lycée, cours d'histoire des arts, conseiller pédagogique, bac musique, etc.
alors que dans ma nouvelle académie, j'étais le premier trou de balle venu... Eh oui ! J'ai bien cherché mais il fallait se résoudre à innover, créer,
se renouveler par soi-même. C'est donc dans des projets d'établissement que j'ai passé un peu de temps. J'ai aussi proposé pas mal de choses avec des
résultats variés, je prenais toutes les classes du collège + chorale + projets avec plaisir. Mais en 2009, le rectorat, pensant sans doute bien faire
m'a interdit (sans possibilité de discuter et quelques jours seulement avant la rentrée) de prendre des heures supplémentaires, pourtant essentielles à
mon équilibre "pédagogique". Je me suis retrouvé avec deux journées entières libres (mardi et jeudi). C'est là que tout a basculé.
Occuper le temps libre
Comment occuper deux longues journées libres quand on ne les a pas souhaitées ? Les enfants à l'école... Des tâches
ménagères ? Oui. Mais ensuite ? Le sport ? Oui mais non. Je me suis investi dans un projet que j'avais en tête depuis quelques temps : celui d'écrire
des partitions et d'harmoniser des chants "à la demande", "à la carte". Hop ! Auto-entrepreneur pour commencer, il n'y en a pas pour longtemps (encore
que c'est un poil plus casse-pied aujourd'hui). Puis j'ai développé un site web, j'ai travaillé la programmation, j'ai gonflé le
site web de premières partitions gratuites (l'ancêtre du présent site, donc) et j'ai répondu aux premières commandes. J'ai ensuite développé d'autres
sites, cherché à acquérir d'autres compétences dans le domaine informatique. Et à partir de ce moment-là, l'effet pervers fut immédiat et irréversible.
Je n'arrivais pas à séparer nettement les deux activités (peut-être que quelqu'un de plus raisonnable que moi y serait parvenu mais ce n'était pas
mon cas). Ainsi, un travail de trois jours, qui aurait pu m'occuper un mardi, un jeudi et un samedi, m'occupait la tête pendant la semaine
entière...
Une étape franchie
Heureux de pouvoir faire autre chose que professeur de musique, d'avoir la possibilité d'être mon propre patron, j'ai
tenu à développer encore davantage cette entreprise. Pour cela, il fallait donc passer à temps partiel. J'ai choisi un 60% soit 9 heures, en
demandant à mon chef de pouvoir travailler 3 après-midis par semaine, ce qui fut accordé sans difficulté (les autres collègues cherchant plus à se
libérer des lundis, vendredis et préférant travailler le matin que l'après-midi car l'attention des élèves a une fâcheuse tendance à chuter au cours
de la journée). Un temps partiel se demande par l'intermédiaire du chef d'établissement. Il suffit de remplir un document dédié et de motiver sa
demande. À l'époque, sauf cas rare, il était accordé. Je sais qu'il en va différemment aujourd'hui et qu'il vaut mieux, à l'heure actuelle, avoir une
motivation solide pour l'obtenir pour cause de pénurie de professeurs. J'ai bien aimé cette période. Venir en cours pour 9 heures était confortable et
je n'avais pas l'occasion de me lasser du métier en si peu de temps. Je pense que je faisais bien mon boulot dans ma salle de classe mais j'étais moins
présent que jamais pour tout ce qui était en dehors des cours. Je n'ai jamais participé à aussi peu de réunions et aussi peu de conseils de classe. Je
remercie ma chef de l'époque qui n'a pas insisté, sentant que je n'avais plus la tête à cela, de toutes façons.
En résumé, donnez la possibilité aux enseignants de s'investir dans leur métier : heures supplémentaires, ateliers,
stages, formations, informatique, sorties, plus grande liberté pédagogique... Croyez-moi, c'est essentiel.
Beaucoup de motivation
Bonne continuation