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Les salles de musique

17 décembre 2014
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Jean-Baptiste
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Les salles de musique

En additionnant les salles de musique dans lesquelles j'ai enseigné, les salles de mes divers conseillers pédagogiques ou tuteurs et les salles toutes différentes qui accueillaient les stages de musique ou les journées de l'inspecteur, j'ai mis les pieds dans une trentaine de salles différentes. J'ai pu observer leurs disparités et les voir évoluer au cours du temps.

Le pire comme le meilleur

Le collège dans lequel j'ai fait mon stage n'avait jamais connu de professeurs de musique. Ce genre de choses n'est plus possible mais il s'agissait d'un tout petit collège de campagne où le professeur d'histoire se proposait de faire chanter les élèves, guitare sur les genoux jusqu'à ce qu'il en ait assez. Ainsi, la salle qui me fut confiée était tout simplement vide. Une annexe au bâtiment principal était en construction et un budget allait être débloqué l'année suivante pour la discipline. Mais en attendant, j'ai dû fonctionner avec mon propre clavier électronique et avec une mini-chaîne de piètre qualité. C'était donc les conditions les plus pauvres que j'ai connues pour des raisons toutefois facilement compréhensibles.

À l'inverse, le collège/lycée Buffon dont j'ai déjà parlé, qui accueillait les épreuves du Bac Musique était équipé d'une salle musique de 150 m2, un piano droit, un piano demi-queue, une partie amphithéâtre de 30 places, une partie salle de 30 places (avec possibilité de séparer les deux par une cloison amovible), une flûte à bec basse baroque, un flageolet, suffisamment de petites percussions pour chaque élève, ampli et enceintes d'excellente qualité, tout un instrumentarium que Carl Orff n'aurait pas renié et j'en passe... C'était un vrai plaisir. Mais à l'inverse, lorsque j'ai demandé un ordinateur, on ne m'a pas dit non mais on m'a amené le mois suivant un engin récupéré dans la réserve, sous Windows 98, sans carte son, sans carte réseau. L'équipe pédagogique était de moyenne d'âge assez avancée comme c'est souvent le cas dans les établissements parisiens réputés et les besoins informatiques étaient limités aux salles de technologie.

J'ai pu croiser tout un panel d'équipement de qualité diverse en fonction de deux choses : l'investissement du professeur dans l'établissement et la façon dont le chef d'établissement estimait la discipline.
La salle qui m'a le plus surpris est celle d'un enseignant dépressif, qui, d'après mon inspectrice était un excellent enseignant en son temps et qui a complètement laissé tomber. Ses collègues parlaient de lui avec plus de tristesse que de méchanceté. Le piano était pourri, inutilisable, le son de la chaîne grésillait et dans le placard, trônaient en évidence les numéros 1, 2 et 3 de la série "Karaoké vidéo". Une autre salle était riche de deux micros voix, table de mixage et ordinateur récent mais aucun instrument. Une autre encore avait une collection de CD impressionnante, la collègue ayant choisi d'avoir une copie intégrale de sa propre CDthèque sur son lieu de travail pour ne pas avoir à transporter ses propres enregistrements. Une autre enfin avait convaincu le conseil général d'acquérir 15 claviers électroniques pour la pratique instrumentale...

Les évolutions

Au fur et à mesure des innovations technologiques et de la baisse des prix du matériel informatique, j'ai vu les salles se transformer et, une fois en poste fixe, j'ai moi-même fait évoluer ma salle, conduisant inévitablement à une évolution du métier. L'ordinateur et le vidéo projecteur, en salle de musique, sont maintenant la norme pour le plus grand bonheur des enseignants, pour un cours sensiblement plus interactif.
Le temps gagné, pour commencer, est rapidement non négligeable. Projeter un tableau à remplir au lieu de le recopier peut faire gagner de précieuses minutes. Cliquer sur un fichier audio au lieu de se déplacer jusqu'à la chaîne avec laquelle il est nécessaire de trouver le CD, de le sortir, le mettre dans la machine, choisir la bonne piste et parfois avancer dans la piste est du même ordre de gain de temps. Cliquer sur un fichier vidéo qui sera projeté sur le mur ou sur un écran blanc est hautement plus pratique que d'aller dans la petite salle attenante pour aller chercher l'énorme télé partagée avec le professeur d'arts plastiques. Et les exemples en rapport direct avec la discipline de manquent pas : découpage des fichiers audio, enregistrement numérique, spectrogrammes, présentations avec musique, illustrations pour faire des liens avec les arts...

La salle de musique est l'outil du professeur. Son équipement a une influence énorme sur la façon de travailler du prof de musique. Le plus n'est pas forcément le mieux mais ce qui semble indispensable à une salle de musique est : un ordinateur pas trop ancien avec la possibilité d'installer des logiciels de musique, un ampli et une paire d'enceintes de bonne qualité, un vidéo projecteur pas trop bruyant et, pour FAIRE de la musique, une percussion (même une petite) par élève.

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Utilisateur N°1noart le 2019-09-20 à 21h46

Merci infiniment au bloggueur! Je commence mardi une suppléance comme contractuel, le grand saut dans le second degré. Votre blog me sauve.

Utilisateur N°2Horresco referens le 2015-08-29 à 09h34

Plus besoin de percussions dans les salles de musique de collège, aujourd'hui. Les élèves, pris pour des débiles, "produisent du son avec leur corps", comme le pétomane ;)
Ah, si les parents avaient véritablement conscience de la nullité des "activités" (il n'y a plus de cours) soi-disant musicales que l'on propose à leurs enfants, ils n'en reviendraient pas. La vocation de garderie du collège se manifeste chaque année davantage.