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Pourquoi y a-t-il autant de personnes qui cherchent des partitions sur internet

05 janvier 2015
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Lionel
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Pourquoi y a-t-il autant de personnes qui cherchent des partitions sur internet

La première hypothèse de réponse à cette question pourrait être l’esprit de gratuité qui règne sur internet depuis déjà pas mal d’années vu que sur la toile, tout ce qui peut-être dématérialisé en fichiers peut se trouver facilement. Après, les livres, les BD, les films, les applications, les logiciels, il n’y a pas de raison que la musique, sous sa forme de partitions, ne soit pas aussi un objet de convoitise, alors qu’elle est déjà dématérialisée en fichier audio ou Midi.

On pourrait penser qu’il y a comme pour le "médical" dans les coins les plus reculés de France une désertification des marchands de partitions. Mais il y a d’un autre coté de très nombreux sites marchands de vente de partitions au détail donc cela ne doit pas être la piste qui répond à la question. On pourrait penser qu’il y a trop de recueils et plus du tout de partitions au détail chez les marchands. Ou s’il y en a, elles ne seraient plus vraiment d’actualité. Il est vrai aussi qu’acheter un recueil de musique pas loin de trente euros pour dix chansons, même si cela ramène la chanson à trois euros n’est pas le problème. Sauf si l’on n'a besoin que d’un ou deux titres. C’est comme pour les CD. Souvent il n’y a qu’un ou deux titres de valables et le reste n’est là que pour combler. Les frais de port peuvent, par contre, être un obstacle à une commande ou le manque de sécurité des expéditions postale devenir un problème. Commander un recueil, le payer et ne jamais le recevoir n’incite pas à en acheter d’autres par internet. Sans parler des complications pour pouvoir se faire rembourser même avec tous les justificatifs.

Les sites qui vendent les partitions à imprimer chez soi immédiatement à tout petit prix (3 euros) sont les bénéficiaires de cette pénurie et remportent déjà un très grand succès. Maintenant à eux d’être le plus vite possible dans l’actualité musicale autrement, ils risquent de décrocher très vite. Et le désamour, en France, ça va vite. Il y a les sites d’enchères comme EBAY ou DELCAMPE ou des sites à prix fixe comme PRICEMINISTER ou LE BON COIN et d’autres là aussi très nombreux qui proposent des partitions en petits format à l’unité à tous les prix. Je constate que de nombreuses partitions proposées sont toujours à vendre et qu’il y a toujours de l’autre côté les demandeurs qui les cherchent. Certains demandeurs informés n’hésitent pas à mettre la main au porte-monnaie pour posséder une partition tant désirée, alors que d’autres font la moue et la sourde oreille à toutes les offres et ne recherchent que la gratuité. Autant les premiers sont disposés à écrire à l’éditeur qui détient leur Trésor, autant les deuxièmes refusent catégoriquement prétextant qu’ils ne veulent pas déranger ou qu’ils sont déjà certains de ne rien obtenir par cette possibilité.

On peut aussi penser que certaines personnes ne maitrisent pas les ficelles d’internet et préfèrent demander dans des forums ou sites plutôt que de passer du temps à chercher par eux-mêmes. Souvent en plus des musiques dites classiques et donc tombées dans le domaine public. Avec Google IMAGES très souvent il faut moins de 5 secondes pour les localiser. Après on peut aussi se poser la question de voir toujours les mêmes personnes qui demandent un titre par jour et ce dans plusieurs sites et forums en même temps pour ratisser large. Que font-elles de toutes ces partitions ? Arrivent-elles à bien les jouer ? Car il y a des titres où cela demande quand même plus d’une journée pour bien les appréhender et les jouer parfaitement.

La collectionnite aigüe, peut-être, ou alors ont-elles développé un marché parallèle pour vendre tout ce qu’elles peuvent collecter gracieusement. Après les champions du monde qui demandent très souvent les partitions de titres les plus difficile à jouer et en quantité, il y a les musiciens moins aguerris qui eux n’ont que faire de la partition commerciale, même la plus simple du monde, puisqu’ils s’estiment incapables de la déchiffrer. Ils recherchent la partition miraculeuse qui serait rédigée d’une façon minimaliste et qui enfin leur conviendrait. Très peu de notes courtes, le moins possible de triolets ou de notes pointées. Surtout qu’elle soit dans la tonalité de Do et avec de grosses notes car leur vue baisse de plus en plus ou cela fait 40 ans qu’ils n’ont pas rejoué sur l'accordéon de leur adolescence.

Il n’y a peut-être pas assez de partitions pour un type d’instrument. Par exemple pour ceux qui sont en Sib ou Mib. La majorité des partitions étant pour piano + voix. Les partitions pour orchestre, "les conducteurs", vu leur prix de vente, ne peuvent intéresser que les formations qui rentabilisent leurs prestations. Les partitions pour accordéon Diatonique ne sont peut-être pas assez diffusées. Bref, il y a un trop grand nombre de recueils pour un seul type d’instrument et une pénurie pour d’autres.

Je n’ai pas LA réponse à la question initiale, car en fait cela dépend vraiment de la personne qui se cache derrière le demandeur. Mais j’ai quand même ma petite idée. Si vous avez d’autres réponses, vous pourrez toujours m’en faire part.

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Utilisateur N°1gercat le 2016-12-30 à 17h54

Je ne parle que pour les chorales amateurs, associatives.
Il y a dans les chorales une grande tradition de gratuité, car ce fut un loisir populaire quasi gratuit. Chef bénévole, choristes bénévoles, prestation non commerciale, subvention publique, faible cotisation, et pourtant le plaisir de chanter de "belles" partitions bien écrites. La chorale était une pratique d'éducation populaire reconnue.
Et donc il subsiste une forte résistance à l'achat de partition.

Les choristes, non adeptes du solfège dans la plupart des chorales associatives de loisir, utilisent les logiciels de lecture de partition pour apprendre, et il faut leur recopier les partitions, avec une ligne par partie et pas de notes superposées. C'est un moyen simple d'avoir alors une partition très lisible, et audible !
De plus il arrive que le chef simplifie, aménage la partition en effet pour l'adapter aux voix dont il dispose. Et pire, il peut pratiquer une harmonisation fantaisiste, recomposer des variations et il peut être accusé de "plagiat".
Difficile de faire comprendre qu'il faut faire vivre les maisons d'édition et acheter une partition qui ne sera peut-être pas utilisée.
Cependant certaines maisons d'édition qui ont beaucoup produit pour les chorales, ont réussi à imposer la vente de leurs partitions, bien faites, harmonieuses et très lisibles.
Que dire des maisons d'édition qui imposent l'achat de partitions par 20? même si le groupe n'est pas de 20 personnes!
Pour les chefs de chœur, le refus de vendre les partitions à la pièce est un véritable obstacle au choix de partitions, et au renouvellement du répertoire. Le chef de chœur a besoin de voir les difficultés de toute la partition et pas seulement quelques mesures.
Une source de la collectionnite : parfois le chef prospecte sur un thème, une époque, un genre, un auteur et sa prospection le conduit à "faire des réserves" inutiles sans doute.

Les chorales vivent donc sur le domaine libre, les réserves des chefs de chœur, papier ou numérique, et elles achètent quelques partitions. Et à chaque concert, la déclaration à la SACEM génère une facture.
Il y a 30 ans un choriste d'"école de musique" ne payait aucune partition. Les conservatoires font acheter les partitions.

Et on devrait peut-être distinguer la situation des chorales, associations de choristes bénévoles, au budget annuel de moins de 1000 euros, des groupes de professionnels rémunérés, au chiffre d'affaires un peu plus conséquent.