Annonce de Jean-Michel Blanquer : 20 millions d'euros seront débloqués pour le développement de la musique à l'école, en accord
avec le ministère de la culture, qui mettra également la main à la poche. Objectif : une chorale dans chaque école et dans chaque collège en 2019.
Effet d'annonce ? Disposition pérène ? Quelles applications ? Permettez-moi de vous donner mon avis.
Une école sur quatre
Ce chiffre est faible, sans aucun doute. Il est même encore plus faible si on prend en ligne de compte que les profs des écoles
font souvent un travail de chant avec leur propre classe uniquement. Ce qui fait que la chorale est, premièrement obligatoire dans le niveau concerné,
deuxièmement, inexistante dans les autres niveaux. Alors comment instaurer une chorale dans l'établissement. À première vue, il n'y a pas d'autres
solutions que de se payer un intervenant extérieur et là je dis oui mais. Le ministre arrive plein de bonne volonté avec ses jolies
idées mais les contraintes des municipalités et des établissements étant ce qu'elles sont, c'est bien souvent tout au bas de l'échelle qu'on essuie
les plâtres des décisions prises au plus haut niveau. YAKA !! Mais oui, on va trouver un animateur choral pour notre école de campagne, il suffit de
demander.
En collège
Une règle, globalement appliquée avec exception, demande à ce que tous les collèges proposent une chorale ou un atelier instrumental
à leurs élèves, en précisant qu'il peut y en avoir deux pour les plus gros établissements. La loi étant pernicieuse, elle oblige donc les chefs d'établissement
à mettre cet atelier en place, mais n'oblige pas les professeurs de musique à l'assumer, surtout si toutes les heures de service sont utilisées pour les cours.
Passons les détails. Passer à deux heures. Oui. Pourquoi pas. Le ministre a-t-il connaissance de ce qui se passer réellement dans les collèges ? A-t-il interrogé
les élèves pour commencer, pour connaître leurs attentes, les parents (éventuellemnt) et les professeurs concernés ? Je n'ai pas cette info, mais je n'en ai
vraiment pas l'impression.
Pourquoi chorale ?
Vous vous en doutez, j'ai le plus grand respect pour la chorale mais je me pose la question : pourquoi spécialement une chorale ? Blanquer,
avant même d'être ministre, pronaît l'autonomie des établissements. C'était quoi ça ? Des mots ? Ou alors juste une autonomie financière pour faire des
économies ? Dans beaucoup d'établissements, une heure de chorale, c'est ce qu'il faut, ni plus ni moins et ça se passe pas mal. Ce dont auraient besoin les
collègues, ce n'est pas d'une deuxième heure mais qui d'un micro, qui d'une nouvelle estrade, qui d'un nouveau piano, etc.
D'ailleurs, la chorale, c'est ainsi, est souvent gonflée avec les bons élèves, avec des exceptions, heureusement, mais pas tant que cela.
D'ailleurs ce n'est pas tant une histoire de bons élèves qu'une histoire de premièrement, pouvoir rester en place 30 minutes ou 1 heure et d'avoir une
idée positive de ce que représente la chorale. Il y a des établissements qui ont des ateliers slam ou rap, animés par des surveillants ou des intervenants
extérieurs, qui fonctionnent très bien. D'autres mettent l'accent sur le sport parce que c'est ce qui fonctionne pour générer un esprit de groupe et qui
auraient bien besoin de moyens supplémentaires dans ce domaine.
Alors "éveiller la curiosité des enfants", "construire des projets", oui mais est-ce au ministre de décider de dont les élèves ont
besoin ?
D'ailleurs, quand je lis "ateliers slam ou rap", je me dis que l'Education nationale est tombée dans la démagogie, dans le divertissement et que certains collègues d'éducation musicale qui devraient s'offusquer de la mise en place de tels ateliers si éloignés d'une conception authentique de la musique, feraient bien de retourner sur les bancs de l'Université.