Paroles
1. Vermisseau, juste avant la guerre,
S'était mis chauffeur dans l's'autos
Pourtant l'métier n'lui plaisir guère,
Il trouvait qu'il avait trop chaud.
Le soir, il s'plaignait à sa femme
Qu'il avait vraiment trop d'boulot !
« Faut toujours, qu'elle dit, qu'tu réclames :
Mais quoi qu't'as donc dans l'ciboulot ? »
2. Pour se consoler d'sa misère
Il entra dans un p'tit bistrot,
Ousqu'il siffla neuf ou dix verres :
Mais c'était bien quat' cinq de trop !
En sortant son r'gard était trouble,
Ça bourdonnait dans son cerveau :
« C'est drôle, qu'il dit, j'vois tout en double :
Mais quoi qu'j'ai donc dans l'ciboulot ? »
3. Encore sous l'effet du madère
Il rencontra l'copain Julot
Qui lui dit « Aux All'mands, vieux frère,
On va donc flanquer des pruneaux ! »
Vermisseau resta tout bétasse
N'comprenant pas et n'disant mot.
Julot reprit : « C'que t'es cocasse !
Mais quoi qu't'as donc dans l'ciboulot ? »
4. Quand il eut la clef du mystère
Il s'dépêcha d'faire son ballot
Il reprit l'habit militaire
Et se r'boucla le sac su' l'dos
Mais quand il parut pour la r'vue
Il oublia d'prendre son flingot
L'colon cria d'une voix bourrue :
« Mais quoi qu't'as donc dans l'ciboulot ? »
5. Il d'vint Poilu et sur la terre
On n'en vit pas d'plus rigolo.
Il faut décoré d'la croix d'guerre
Et même il fut nommé cabot.
Ce jour-là, ne s'tenant plus d'joie,
Il s'lança sans peur pour sa peau,
En s'écriant : « Il faut que j'voie
Quoi qu'c'est qu'ils ont dans l'ciboulot ? »
